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L'art du patin

« Mais freine, bon sang, freine ! ».

Mais combien de fois vais-je devoir le lui répéter ? JE NE SAIS PAS FREINER avec ces maudits engins ! Si j’avais la moindre idée de la méthode adéquate pour freiner efficacement, je freinerais, j’éviterais ainsi de me pendre à tous les réverbères qui jalonnent mon parcours, et qui plus est, je n’aurais pas l’allure d’un pantin constipé, qui conjure les passants d’un air implorant de bien vouloir lui faire place.

C’est facile quand, comme elle, on possède tout : l’allure, la vitesse, le style, la grâce, et surtout l’option freinage ! Moi, c’est au moins la dixième fois que je fais du rollers, et comme à chaque tentative, c’est la même rengaine : c’est comme si je chaussais pour la première fois ces bottes de cosmonaute à roulettes qui me confèrent un aspect ridicule à souhait.

Je ne vois pas d’autre solution, Clotilde a forcément un meilleur matériel que moi – de la camelote ces rollers Décathlon ! - , puisqu’elle n’a pas tellement plus d’expérience que moi en la matière. Pour ma part, j’ai davantage l’air d’un chat dans un jeu de quilles, qu’un félin agile qui retombe (hypothétiquement) sur ses pattes. Et elle qui me promettait que le roller avait un « rôle social », permettait de faire des rencontres intéressantes, que sa cousine avait rencontré son mec comme ça ! Pffff… Il est certain que ce n’est pas les fesses en arrière que je suis le plus à mon avantage !

La voilà maintenant qui me nargue en opérant un magistral demi tour, sans l’once d’un déséquilibre, et qui me lance, les mains sur les hanches : « Mais qu’est ce que tu fabriques ? Ce n’est pas comme cela que l’on freine ! Lève ton popotin et le bout de ton pied droit et freine avec le talon. Regarde, moi, j’y arrive sans problème ! ».

Sur le bord, des promeneurs attendent patiemment de pouvoir assister à ma prestation. C’est précisément ce qui m’agace (aussi) dans le roller : il y a toujours sur votre chemin deux ou trois crétins qui vous sourient béatement, l’air vaguement compatissant, alors même qu’ils ne seraient pas fichus eux-mêmes de risquer leur intégrité sur ces patins tout droit issus de la quatrième dimension. Ils sont là comme pour accréditer que oui, vous êtes la reine des nulles en rollers et qu’il vaudrait mieux ne pas trop persévérer dans cette discipline si vous ne voulez pas vous retrouver aux urgences du secteur. Sans parler de ceux qui risquent quelques commentaires : « Ah, on est mieux en baskets ! », « Allez, décoincez-vous, pas la peine de freiner, c’est plat ! » (non mais il n’a pas vue la pente de folie qui m’attend, celui-là ?!)….  Et ceux en vélo…. Mpffff…. Je préfère m’abstenir d’en parler.

L’honneur est sauf : Je viens, toute fière, de parvenir vaguement à m’arrêter contre un rebord de trottoir en mettant à profit une méthode artisanale de freinage largement inspirée du chasse-neige en ski, qui, bien que peu gracieuse, s’est avérée efficace l’espace d’un instant. Après tout, ces fichus patins, qui vous donne l’impression d’être une asperge géante en proie aux implacables lois de la gravité, ne sont pas loin de ressembler à d’authentiques godasses de ski aussi rigides qu’inconfortables.

Victoire ! Je ne possède peut-être pas la méthode académique, mais je parviens un tant soit peu à m’arrêter, alors, vaille que vaille !

Les curieux ayant passé leur chemin, et ragaillardie par cette performance, je suis repassée devant Clotilde,  fière et intrépide comme une gamine sur ses patins Fisher Price flambant neufs. Je me suis donc élancée dans la pente, dont la déclivité impressionnante ne m’a pas, de prime abord, alertée. J’ai donc fait l’imbécile en fichant mon short moulant dans mes fesses pour lui donner un aspect de string de toute beauté, et me suis mise à dandiner des fesses devant Clotilde en chantant un vieil air de Dalida : « Laissezzzz-moiiiii danser, laissezzzzz-moiiiii »…

Torpeur. J’ai pris, bien malgré moi, de la vitesse, et la technique du chasse-neige me paraissait inopérante. Impossible de m’arrêter.

Pour mon salut, une poubelle de recyclage se trouvait sur mon passage, et ma folle course prit fin dans un fracas épouvantable.

Sonnée par cet épilogue retentissant, je parvins à me relever. Par miracle, je n’avais mal nulle part, à l’exclusion d’un seul. Et pour cause, j’avais tout: protège-coudes, protège-genoux, protège-poignets, casque... Tout, sauf le protège-fessier.

J’annonçai à Clotilde, venue s’enquérir de ma santé, que je souffrais horriblement des fesses, ce qui la fit pouffer. Devant cette incompréhension manifeste, je me mise alors à pleurer comme une gamine, et Clotilde comprit que je ne blaguais plus : J’avais le coccyx cassé.

Le détour allait donc être plus long que prévu : Il allait falloir passer par la case « Urgences » (trois/quatre heures d’attente aux bas mots).

A l’hôpital, une lueur d’espoir m’envahit lorsque l’interne de garde ouvrit la porte du box pour m’ausculter.

Comme aurait dit ma chanteuse fétiche, « Il était beau comme un enfant, fort comme un homme », et son sourire lumineux me redonna le mien.

Clotilde avait peut-être raison : Le roller, pour les rencontres, il n'y a pas mieux! :-)

 

Ecrit par Linn, à 22:22 dans la rubrique "La Muse gueule".

Commentaires :

  Jess42
26-09-05
à 15:00

aie aie aie

Ah ben en effet apprends à freiner ou achete toi un mega coussin parce que le coccyx ca fait grave mal... j'ai eu l'occassion de connaitre cette douleur un soir ou mes potes et leur super humour m'on poussé ma chaise et vu que j'avais 15 gr dans chaque jambe et ben BOUM!!


Remets toit bien!!

  Sherine
28-09-05
à 14:18

Souvenirs souvenirs....

La dernière fois que j'ai fait du roller, je ne savais pas freiner non plus seulement ce n'était pas du plat.J'étais déjà lancée sur une superbe pente débouchant sur une grosse avenue.

Me voilà raide comme un piquet dévalant cette pente à toute vitesse exactement comme dans les dessins animés, ça se finit toujours mal d'ailleurs....

Que faire? Un quart de seconde pour prendre une décision pour éviter de mourrir!

Réflechissons: pente, avenue, voiture.....ARBRE ARBRE en vue à un mètre!! Il faut que je le chope pour m'arréter.............

BAAAAAAAAAAAAAANNNNNG

Je me mange l'arbre en pleine face, au bout de 5 minutes, je n'arrive plus à ouvrir l'oeil gauche: normal, a joue a triplé de volume.........

Lycéenne à l'époque, je suis allée directement en cours aprés, me cachant sous une écharpe dissimulant tout mon visage sauf mon oeil droit ( je peux vous dire que je sais ce que ce pauvre "elephant man" a pu subir!!). Arrivée en classe, une de mes "camarades" me fait délicatement remarquer que j'ai une légère petite tache sur la joue et pouffe (normal c'en est une!)

hahahaaaaaaaaaaaa......gnein......




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