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J’étais une petite polissonne de dix ans quand tu as rejoint notre grande famille, qui à l’époque était encore unie. J’avais bien dû tanner Papa et Maman pendant six mois avant qu’ils n’acceptent enfin de t’adopter, toi plutôt qu’un Beagle, comme le voulait Papa. J’avais potassé le Marabout Guide des chiens, appris toutes les races de canidés par cœur afin d’avoir en ma possession tous les arguments utiles pour les convaincre, pour in fine me retrouver avec un chien d’arrêt sans pedigree, la belle affaire !
Victime de mon espièglerie, tu as fait les frais, avec toujours autant de bonhomie, de toutes mes idées loufoques de gamine effrontée : Je t’ai habillé avec le bermuda de mon frère, je t’ai fait porter les lunettes de soleil « Jacky Kennedy » de Maman, je te « déguisais » en berger allemand en tirant sur tes oreilles, je t’ai fait souffler tes bougies d’anniversaire avec ta truffe, j’ai fini les genoux couverts d’Eosine en te promenant patins à roulettes aux pieds, j’ai mangé tes croquettes, et même, pour goûter, euh….tes boulettes de viande en boite (j’ai honte)...
Tu as connu la grande maison de R., la route de Pont-Audemer où tu t’était fait renverser, accident que mes parents avaient vainement tenté de me dissimuler et qui m’avait fait pleurer toutes les larmes de mon corps, jusqu’au chauffage au sol à Paris qui t’avait rendu malade à crever…
Je me remémore, non sans un certain amusement, l’épisode de la communion de ma sœur, où l’on avait constaté la disparition inopinée des choux à la crème dans la cuisine, jusqu’à t’apercevoir sous la table en train de t'en pourlécher les babines, la fois où tu t’es fait courser par un taureau peu complaisant, et où tu es rentré couvert de bouse de vache, les « concours de chiens » organisés entre toi et Rototo le chien de ma belle mère, la fois où vous aviez tenté de fuguer et où Rototo s'était arraché les parties génitales sur le grillage de la maison au point de nécessiter une chirurgie réparatrice, et où tu t'étais retrouvé pendu au bout de ta chaîne (kaï ! kaï ! kaï !)...
Tu m’as connu gamine aux genoux cagneux, adolescente boutonneuse, étudiante studieuse, adulte accomplie.
15 ans après, une page se tourne.
Tu as eu une belle vie, et moi avec.
Bye mon wafwaf, sois heureux au "paradis des chiens"! (c'est là qu'on m'a dit que tu étais pour que j'arrête de pleurer comme une gamine de dix ans)
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A peine dix secondes après l’injection, il avait cessé de respirer. J’ai caressé sa tête et ce que j'appelais "son ptit coeur", cette tache d'un blanc immaculé qui lui créait comme une petite auréole au sommet du crâne. Il était encore chaud. Mais la vie s'était retirée de lui, j’étais le témoin de sa mort, une mort à l'odeur suffocante d'ether. Une grande souffrance, telle une lame de fond, a jailli en moi. Et puis j’ai regardé ses yeux. Déjà vitreux et les pupilles dilatées. J’avais l’impression d'étouffer.
Commentaires :
La Doudoune en plumes masquée |
C'est un bel hommage que tu lui rends là... bravo. Et maintenant qu'il soit heureux au paradis des chiens...
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à 12:13