LES MUSES DU NET- Le webzine internénettes

Bastille, hier soir.

Nous tentons, après avoir joyeusement enquillé une demie-quinzaine de sangrias bien tassées dans un bar espagnol du quartier, de débusquer un restaurant afin d'éponger nos égarements liquides.

C'est place de la Bastille précisément que nous tombons en plein milieu d'une cohue de femmes dont la féminité n'est pas flagrante, estampillées d'un drapeau nééerlandais pour toute décoration, défilant en rangs d'oignons et chantant comme des scouts qui rejoignent leur camp.

Mon détecteur à goudous se met à bipper à tout va... Hum, j'ai comme l'impression qu'il sagit là d'une chorale de keupines! 

Quelque peu émoussées par notre degré éthylique, Doudoune et moi fendons le défilé afin de nous y incruster en toute discrétion, et fredonnons à notre tour... 

Devant le succès rencontré, la quarantaine de nééerlandaises s'arrête devant le Léon de Bruxelles (vous savez le belge qui vend des moules-frites), et ouvre un demi cercle afin de s'offrir en concert, devant nos yeux ébahis.

Nous battons la mesure, les encourageons à grands renforts d'applaudissements, et bientôt un large public vient entourer la troupe de choristes... Nous jouons le rôle des basses dans leur interprétation, mêlée d'accent hollandais, de la chanson des vieux amants de Jacques Brel. Je me qualifie vite de baryton, et Doudoune est invitée à s'asseoir sur une chaise dépliée à cet effet devant la chorale.

Une petite vieille, très enthousiaste, nous félicite pour nos jolies voix (encore une qui avait oublié de mettre son sonotone!). Sauf que ne faisons pas partie de la chorale, tout comme ce SDF aux grosses lunettes rondes (avec un look du personnage de "où est Charlie?" je dois bien le dire) qui s'est inscrusté derrière les hollandaises, et qui chante à pleins poumons.

Le fou rire n'est pas loin. La petite vieille, pleine d'émotion, attrape le bras de notre camarade Valérie, comme si elles avaient gardé des brebis dans le Larzac ensemble... Nous hurlons de plus belle, mais les choristes doivent remballer car leur car les attend.

Nous avons bien essayé de monter dans le car avec elles, mais je n'avais pas ma petite laine, et pour un voyage aux Pays-Bas, ma tenue eut été un peu légère.

Nous nous sommes donc cantonnées à les saluer quand le car a quitté les lieux, et avons entonné un canon: "Veeeent frais, veeeent du matin, vent qui souffle au sommet des grands piiiiins...".

D'ici à ce la France ait aussi sa chorale de keupines, il n'y a qu'un pas...

http://www.gemengddameskoor.nl/html/gdk.html