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Les week-ends prolongés de l’été sont souvent l’occasion de retrouvailles familiales dans la grande maison en indivision du Berry.
Sous l’égide de la matriarcale grand-mère, tantes et oncles ertétistes, cousins, cousines, tous sont présents.
Les tantes sont toujours aussi snobs, les oncles toujours aussi grippe-sous (ils rechignent à payer la toiture de la maison des aïeux qui tombe en décrépitude), les cousins que j’ai connu en baby-relax et poussette tous terrains sont devenus des ados passablement râleurs et faisant les frais de disgracieuses éruptions acnéiques, les cousines des lolitas piercinguées de 12 ans à peine parlant déjà de « mecs » et de sorties en boite…
Il ne me semble pas avoir eu ces centres d’intérêt là si jeune, si tant est que je m’y sois intéressée un jour. A douze ans, je n’avais quitté mes Playmobils que depuis peu de temps, je dormais encore avec Popo le canard, je considérais les garçons comme des êtres puérils et clairement inintéressants, j’étais encore une jeune et candide pucelle non encore réglée, et je me demande si j’avais cessé de regarder le Club Dorothée...
Qu’importe, « c’est ça la nouvelle génération » comme dit la grand-mère, ou… c’est moi qui vieillis.
Le temps s’égraine inlassablement sans que je ne m’en aperçoive. J’ai du bugguer la nuit où j’ai perdu ma virginité. Quelqu’un m’a subtilisé mon âme de petite fille ce soir de décembre, et je suis devenue femme. Une femme qui vieillit sans s’en rendre compte.
On m’appelle désormais « Madame », c’est terrifiant.
Mais que se passe t-il, j’ai aujourd’hui vingt cinq ans, je viens de m’en apercevoir comme si je venais de me réveiller d’un sommeil léthargique de plusieurs années…
- « Alors Linn, quand est-ce que tu te maries ? »
- « Euh pardon, quoi ?, vous disiez ?, excusez moi j’étais en train de rêver ! »
- « Quand est ce que tu te maries ? Tu as vingt cinq ans, une belle jeune fille comme toi devrait se marier, comment se fait-il que tu n’aies pas de petit ami ? Tu vas finir vieille fille ma pauvre amie ! »
Aie ! La question que je ne voulais pas entendre mais à laquelle j’ai le droit à chaque fois vient de tomber. Et moi qui essayais de me faire oublier un peu en sirotant sans mot dire mon pineau des Charente… Ma grand-mère a toujours le mot pour faire plaisir… Pffff… finir vieille fille….à vingt cinq ans ! Certes, je risque fortement de coiffer Sainte Catherine cette année, mais mon cas est, à mon sens, loin d’être désespéré. Depuis que la tante célibataire est devenue trop âgée pour que son cas soit décemment abordé, on s’en prend donc à moi, une jeune femme en pleine fleur de l’age ! Je suis à peine sortie de ma crise d’adolescence, je lutte encore contre les réminiscences périodiques de mon acné juvénile, j’ai déjà suffisamment de mal à m’occuper de a petite personne, que ferais-je donc flanquée d’un mari et de marmots pleurnichards ? Ah non, franchement, les grand-mères ont parfois de drôles d’idées. Seulement, ma propre mère et mes tantes surenchérissent en rappelant à mon bon souvenir ce garçon beau, intelligent et ingénieur de surcroît que j’avais présenté à la famille.
- « Mais enfin quelle idée as-tu de te séparer de Thomas ? Il était si gentil, si attentionné, et pour couronner le tout de bonne famille! » ;
Certes, ce garçon avait d’énormes qualités, mais au lit c’était un vrai lapin de garenne, et encore ce n’est rien par rapport à ceux que j’ai connu par la suite. Alors mes tantes, je ne vous souhaite pas d’être mariées avec un lapin de garenne !
Je regarde alors un instant mes oncles et me dis qu’ils pourraient très bien en être eux aussi (il parait que les lapins de garenne se reproduisent à vitesse grand V).
- « Oui, c’est vrai, mais c’est comme ça. C’est la vie ».
J’ai bu d’un trait mon Pineau des Charente.
C’est que face à de telles interrogations, je n’ai guère envie de m’attarder. Je n’ai pas à justifier mon célibat, ou mes aventures amoureuses qui ne passent bien souvent pas le cap des deux mois d’ancienneté.
Et d’ailleurs, pourquoi m’en plaindre ? Je ne connais pas la contrainte, je m’amuse autant qu’il est possible, je me couche et me lève à des heures indues, je dîne avec William Saurin tous les jours si cela me chante, personne ne me fait de réflexions au sujet de mon déconcertant désordre, j’invite qui je veux chez moi, je pars en vacances en plein mois de novembre si le cœur m’en dit, j’écoute du Alizée ou autre soupe lancinante sans me faire houspiller par personne d’autre que ma voisine de palier, etc etc…
Bref, si c’est cela être une vieille fille acariâtre, je veux bien signer tout de suite ! (d’ailleurs, j’ai du déjà signer un soir de beuverie, car cela fait un moment que cela dure…).
D’ailleurs, ce point de vue de « vieille fille » m’offre une vigie sans égal sur l’évolution des « couples établis » qui vivotent autour de moi, ce qui me conforte assurément dans ma position de fêtarde esseulée. Les couples qui se déchirent, les faux semblants, les hommes mariés qui me draguent (et bien d’autres) au nez et à la barbe de leur femme, la voisine du dessus qui simule un hypothétique orgasme lors des fêtes charnelles, braillant tel un âne que l’on mène à la boucherie chevaline, les couples illégitimes au bureau, etc… Tout cet ensemble de choses me pousse à me complaire dans une situation qui n’est pas aussi dramatique que mes tantes veulent bien me le faire entendre (la leur l’est certainement bien plus).
Et à vingt cinq ans ou pas, le mariage n’est peut-être pas la mer à boire, mais il y a toujours la belle-mère à avaler….
Commentaires :
shery |
Le pire c'est que c'est tellement vrai ce que tu dis, aucune exagération! Dis moi, tu n'aurais pas la vérité à l'intérieur de toi?? |
à 15:09