Quand un conseiller de Matignon enfreint la loi Sarkozy...
Dominique Ambiel, ex producteur d'émissions de télévision et conseiller en communication de Jean-Pierre Raffarin, n'a pas fait dans la dentelle dans la gestion de sa propre communication.
Pour faire parler de soi, il y a en effet mieux qu'une interpellation en flagrant délit par une équipe de la brigade anticriminalité (BAC), réputée pour ses interventions musclées et retentissantes.
Il lui est reproché d'avoir fait monter à bord de son véhicule une prostituée roumaine mineure âgée de 17 ans, dans la nuit du lundi 19 au mardi 20 avril, et d'avoir:
- "sollicité, accepté ou obtenu, en échange d'une rémunération ou d'une promesse de rémunération, des relations de nature sexuelle de la part d'un mineur qui se livre à la prostitution", conformément aux dispositions de l'article 225-12-1 du code pénal.
- et pour outrage à personne dépositaire de l'autorité publique
Concrètement, pour les profanes du droit: Ce haut fonctionnaire s'est tapé une pute dans sa voiture et s'est fait gauler par les flics.
La prostitution n'est pas interdite par la loi française me direz-vous, à condition que ladite péripatétipute (ou prostipute, c'est selon) soit majeure. Et un délit ne lui suffisant apparemment pas, il s'en serait pris aux gardiens de l'ordre public!
Le plus drôle réside dans la version des faits narrée par le principal protagoniste de l'histoire, qui n'a rien à envier dans sa cocasserie aux théâtres de boulevard (voire de Bouvard!):
Alors que M. Ambiel était arrêté à un feu tricolore une bagarre aurait éclaté dans un abribus entre deux prostituées. L'une d'elles se serait alors précipitée vers la voiture de M. Ambiel qui a expliqué qu'il avait voulu verrouiller sa portière, mais par extraordinaire, la jeune femme aurait réussi à monter à bord du véhicule, en tenant des propos incohérents. M. Ambiel aurait alors démarré pour lui "venir en aide", et aurait demandé à la passagère clandestine de descendre au feu suivant, laquelle s'exécuta.
C'est là que le conseiller de M. Raffarin s'est fait cueillir par les policiers de la BAC, à bord d'une voiture banalisée (vraiment pas de chance!).
Il leur aurait expliqué qu'il n'avait pas besoin de payer 150 euros pour avoir des relations sexuelles.
M. Ambiel aurait ensuite demandé au fonctionnaire son numéro de matricule, puis noté le numéro de la plaque d'immatriculation des policiers, avant de retourner à Matignon (sans doute croyait-il s'en sortir grâce à quelque coup de téléphone à une ou deux connaissances haut placées....)
Lors de la confrontation avec la jeune prostituée, M. Ambiel a campé sur ses positions, et la jeune femme a affirmé avoir eu à plusieurs reprises des relations sexuelles dûment rémunérées avec le haut fonctionnaire. On connaît bien l'expression "langue de pute", mais en l'occurrence, je ne suis pas sure que l'on puisse l'utiliser à bon escient, en tout cas pas pour la même personne (quoique on ne sait jamais... respectons la sacrosainte présomption d'innocence!).
Quoiqu'il en soit, pour un ancien producteur de Koh Lanta et de Fort Boyard, il aurait épour le coup été bien aventureux d'affabuler devant ces messieurs policiers surtout lorsque l'on a été pris la main dans le sac...
Nul n'est sensé ignorer la loi (pas même les grands de ce monde), et eu égard à la place de choix qu'il occupe dans l'administration Raffarin, la loi sur la sécurité intérieure de mars 2003 ne pouvait être que familière à Dominique Ambiel (la communication, ça doit bien servir à quelque chose non?)...
à 18:53