LES MUSES DU NET- Le webzine internénettes

... et fan jusqu'au bout des seins, ayant réussi l'amalgame de l'autorité et du charme (euh... non c'est pas ça les paroles!) .

Enfant des années 80, je le suis, je le reste (j'aurais envie de rajouter "et dans mon corps et dans ma tête", mais ce serait du plagia de Claude Barzotti).
C'est certainement pour cette raison que j'apprécie tant écumer mes soirées de fin de semaine au Tango (euh en fait, je n'y suis allée que 3 fois, mais on n'a qu'à dire que je suis une clubbeuse invétérée, ça fait mieux!:-)).

Dans ce club parisien, des couples gays (gais ?), lesbiens (une infime minorité), hétéros (si peu), voire travestis, et autres (on ne sait plus bien qui est qui, qui est quoi) piétinent de concert, et en rythme s'il vous plait, le parquet en châtaigner, dans une ambiance hors du temps toujours, bon enfant assurément.

Vers 00H30 les danses à deux cèdent le pas à des ringardises made in eighties. C'est là que je rentre en piste, avec une motivation décidée.

 

J'aime danser sur ce que je peux chanter, comme toute cantatrice de salle de bain qui se respecte. Et comme ma connaissance du répertoire "variétoche" est aussi étendue que ma capacité à dire des âneries, je vous laisse imaginer la ferveur avec laquelle je me dandine sur la piste de danse, toujours chantant, sans m'asseoir jamais.
Pour peu que je sois flanquée de ma meilleure amie Shérine, et nous voilà parties pour la nuit à danser frénétiquement sur le désuet dancefloor, n'en déplaise à ses petits pieds (pas bandés ceux –là) qui, chinoisement chaussés, hurlent le martyr. Je ne voudrais pas enfoncer le clou (j'ai trop de respect pour elle), mais la dernière fois, elle a fini les pieds broyés et totalement aphone, c'est dire si la soirée fut intense....

Ereintant en effet que de s’égosiller et se déhancher sur des airs de Jacky Quartz, Steph de Monac, Désireless, Début de soirée... , un véritable Voyage Voyage... direction les années 80.

Cela donne l'impression de se retrouver au milieu du décompte du Top 50 de Marc Toesca. Finalement, je crois que je ne les ai jamais quittées ces années.

Tout commence en 1979, année nettement moins érotique que celle qui faisait chanter Bardot dix ans plus tôt : les années SIDA, le premier bébé éprouvette, le second choc pétrolier, pas très « sex » tout cela…

Alors je me déhanche sur les Etats d’âme Eric, et je me revois l’année de la sortie de la chanson de Luna Parker, converses style Rosanna Arquette aux pieds, assorties à la doudoune Chevignon qui perd ses plumes ou le K-way rouge en boule autour de la taille, le sous-pull qui gratte, le "t’as-ton-tan’s" au dos, dissimulant ma petite silhouette de gamine effrontée, une décalcomanie Malabar à moitié effacée sur l’épaule droite (bonjour le style !).

A cette époque là, ma collection de Kikis ne quittait plus l’étagère où j’entreposais également mes cartes Crados (j’ai Mathieu le Dégueu en triple, si cela interesse quelqu’un !), mon album de stickers de « Jayce  et les Conquérants de la Lumière », ma peu ragoûtante main collante que ma mère avait maintes fois menacé de jeter à la poubelle, mes puces sautantes, mon Yoyo, un paquet de BN vanille (berk !) et quelques calots dûment gagnés à la récré de 10 heures.

On se gavait de Frizzi Pazzi, friandise qui pétillait sur la langue, de bâtons de réglisse, de graines de tournesol Pipas qui nous bousillaient les lèvres (spéciale dédicace pour Mademoiselle K.:-)), et de confiseries en tous genres… On chouinait devant Princesse Sarah consignée dans sa chambre mansardée par la diabolique Mademoiselle Mangin, Jeanne, toujours aussi amoureuse de Serge, et par là même toujours aussi rêveuse, se prenait des ballons de volley dans la tête, ma soeur était amoureuse de Tom Sawyer "qui n'aime pas l'école et préfère pêcher les poissons", Shérine était terrorisée devant l'autruche de Téléchat, et Chantal Goya et Dorothée rivalisaient de connerie pour attirer notre attention. Entre « Les chaussettes rouges et jaunes à ptits pois », et « Adieu les jolis foulards », mon cœur balançait.

Déjà à l’époque je fantasmais sur WonderWoman, Superjamie et Tam de Catseyes, voire sur les Cocoricocogirls de Collaro (et oui, précoce!!), j’imitais la maréchaussée américaine de Chips en enfourchant mon beau vélo rouge, klaxon hurlant et la morve au nez, à la poursuite d’imaginaires contrevenants au code de la route. Les genoux teintés de mercurochrome, j’improvisais dans le jardin des catapultes infernales à la manière des frères Tachibana, des tirs au but qui mettent trois épisodes à arriver au fond des cages, et qui vous détruisent un mur en béton armé façon Olivier Atton de la New Team. J'ai même tenté (vainement, dois-je le préciser) de rentrer dans la 305 Pigeot blanc cassé des parents par la fenêtre, comme dans "Shériff fais moi peur"...

En ce temps là, l’empire de Groquik n’avait pas encore fait l’objet d’un coup d’Etat par Quicky l’usurpateur, son traître de cousin.

En parlant de Groquik et son énoooooorme envie, personne n’a jamais su où il s'en est allé, en 1993, avec un petit balluchon pour tout bagage, à bord d’un train sans retour. Est-il parti faire un tour du monde en voilier comme Antoine, ou a-t-il simplement quitté la vie trépidante du show-business pour aller s’installer avec une Groquikette et d’éventuels miniquiks à la campagne, nul ne le sait.  D’aucuns évoquent des pistes beaucoup plus sordides : Pour certains, il a été kidnappé par la mafia russe et se prostitue désormais sur les trottoirs de Saint – Petersbourg (le vil Quicky serait le cerveau du réseau, mêlé à des cartels de drogue crapuleux), pour d’autres il aurait tragiquement sombré dans l’alcool ne supportant plus les affres de la notoriété et sa rupture avec le Bibendum Michelin, qui s'est barré, je vous le donne en mille, avec Casimir (et oui, les Bears sont aussi des sentimentaux!).

Triste destin pour cette star déchue, et aujourd’hui encore, l’émotion me saisit lorsque j’évoque son douloureux passé. Selon ma propre thèse, la créature jaune avait pris trop d'embonpoint en se gavant de Nesquik, ce qui ne convenait plus aux capitalistes de la génération Slim-Fast. Je soupçonne même Nestlé de l’avoir purement et simplement congédié pour l’envoyer au goulag, histoire de perdre sa surcharge pondérale (procédé assurément plus efficace que le Slim Fast) et l’affreux lapin arriviste en aurait profité pour lui chiper sa place. Et dire que Jacques Pradel n’a jamais évoqué sa disparition dans Perdu de vue ou Témoin numéro 1... Une honte vous dis-je !!

Cinq heures du matin, la soirée se termine, le DJ ralentit le rythme en passant le slow qui tue: "Ya pas que les grands qui rèvent" de Mélodie. Personne à inviter, snif. Retour en douceur en 2004. Exit les Rose Laurens, les Niagara, et autres Corinne Charby...

J'ai 25 ans et il va falloir rentrer à la maison.