LES MUSES DU NET- Le webzine internénettes

Elles s'en vont à la recherche de l'âme soeur comme elles s'en iraient tamiser une rivière aux fins de débusquer une chimérique once d'or, en quête de bien plus qu'un remède à ce mal moderne qui les ronge: la solitude.

Les voilà parties à la recherche de la femme idéale, leur femme idéale. Un Eldorado, un paradis utopique en somme, car cette femme là n'habite que leurs rêves. Et pourtant, elles vont passer des nuits à quérir la pépite d'or qui dans l'absolu les comblerait, dans les méandres d'une jungle cybernétique aussi hostile que surprenante...

Ces femmes là sont bien souvent de jeunes citadines, femmes accomplies à la fois éprises de liberté et esclaves des dernières technologies de communication, dans un monde où l'on communique paradoxalement de moins en moins. La clandestinité inhérente à l'homosexualité les aura conduites là, âmes esseulées égarées au milieu d'une foultitude d'autres, échouées comme elles dans cette agora virtuelle.

Internet a investi leur petit studio parisien comme il a investi leur vie. Inlassables d'échanges en tous genres, elles écument les sites de rencontre, leur vie s'organise au rythme des connexions/déconnexions à la sacro-sainte Toile et leur profil Gayvox est devenu le miroir social de leur petite vie de célibataire.

Elles compulsent les profils de leurs semblables, comme elles feuilletteraient le catalogue printemps été de la Redoute à la recherche d'un maillot de bain pour se pâmer sur la plage. Les potentielles interlocutrices sont triées sur le volet, et lorsqu'il est convenu de les rencontrer, le casting commence...

Elles rencontrent alors Céline, Cécile, Aurélie, Sandra, Nathalie, Corinne, Sylvie, Anna, Solène, Mathilde, Eve, Laura, Stéphanie, Ingrid, Juliette, Christelle, Lise, Delphine, Emilie, Hélène, Laurence, Elodie, Estelle, Virginie, Alice, Valérie, Mélanie, Véronique, Séverine, Justine, Isabelle, Magali, Emmanuelle, Françoise, Laetitia, Sandrine, Clémence, Carine, Marie, Lucie, ... Des rencontres à s'en étourdir, jusqu'à ne plus savoir qui est qui, qui est quoi, et ... rien.

Le vide toujours.

Si, quelques belles rencontres... amicales et des relations amoureuses qui ne passent bien souvent le cap de l'été. On suspend son profil le temps d'une amourette de deux mois, comme pour suspendre le sablier de l'éternelle solitude, mais on finit toujours par y revenir...

Quel vent m'a donc poussée jusque là, moi l'éternelle insatiable, plus idéaliste encore que toutes les lesbiennes de Gayvox réunies...? Quelle vaine illusion me pousse encore à m'user la rétine sur mon écran d'ordinateur au point de risquer la conjonctivite aiguë? Qu'ai-je donc à voir avec Natacha la femme mariée en quête de fantaisie extraconjugale, Céline la collectionneuse de conquêtes, Delphine la psychopathe, Carine la clubbeuse, Lucie la bisexuelle, Véronique la camionneuse, Justine l'androgyne, Elodie l'adolescente névrosée, Marie l'intellectuelle militante, Anna la nostalgique de ses amours révolues...?

Rien sauf peut-être cette dépendance à l’absurde...