LES MUSES DU NET- Le webzine internénettes

Ma chère Maman est en plein déni.

Durant tout le repas dominical, elle n’a eu de cesse de me répéter qu’ « il serait bien que je me trouve un jeune homme bien sous tous rapports », que les hommes ne sont pas tous des assistés ou des obsédés sexuels comme je me plais (parait-il) à le raconter…

Je crois que le « coming-out » en bonne et due forme et que je croyais « réussi », si je puis m’exprimer ainsi, n’a pas porté ses fruits.

Peut-être devrais-je faire une deuxième entrée en scène comme au théâtre, à la fin de la pièce, lorsque les acteurs se présentent plusieurs fois à leur public pour récolter de nouvelles salves d’applaudissements, histoire de signifier que la pièce est bien terminée.

Pour couronner le tout, j’ai eu le droit à une revue de détail de mon accoutrement du week-end : Mon nouveau petit haut est fadasse et fait « mauvais genre », mes bagues sont horribles, ma coiffure est…. indescriptible!

Merci Maman, je sais que j’ai fait du bruit en rentrant à quatre heures du matin cette nuit, pour autant, je ne suis pas sure que cela doive justifier le défouloir public que tu opères sur ma petite personne.

La syncope vagale ne fut pas loin lorsque j’ai soulevé l’affreux tee-shirt fadasse dévoilant ainsi un tatouage subtilement dessiné sur ma hanche droite.

« Ne me dis pas que c’est un vrai !! "

« Si si, un coup de folie, j’étais encore sous l’emprise de quelque boisson alcoolisée… »

Stupeur et consternation, pâleur, vertiges dans l’assistance.

Muhahahaaaaaaaaaa, voilà mon tee-shirt fadasse vengé !

Je n’ai pu tenir le mensonge plus longtemps, devant sa mine interloquée. Qu’il est bon de faire baliser gratuitement les parents. J’ai, l’espace d’un instant, l’impression d’avoir régressé de quelques années et de me retrouver dans la peau d’une adolescente  revêche (qu’au passage, je n’ai jamais été, ou si peu !).

Le clou du repas fut tout de même l’intervention fort remarquée de ma sœur dans le cadre d’une conversation sur les hommes, et leur libido démesurée (on y revient !), qui nous a jeté à la figure un grandiloquent : « de toute façon, moi les mecs me saoulent, je crois que je vais devenir gouine ».

Re stupeur et consternation. La pâleur laisse place à la lividité anémique.

Dans mon coin, je ricane de la provocation de ma cadette.

Décidément, il y a des dimanches où je ne regrette pas de passer des heures à table.