LES MUSES DU NET- Le webzine internénettes

Samedi, c'est la gaypride... ou plutôt, pour être exact la "marche des fiertés gays, lesbiennes et transgenres" (hum... tout un programme!). Mais quelle fierté? C'est une bonne question. Je crois qu'il s'agit davantage de ne pas avoir honte de sa sexualité, d'en faire fi pour vivre sa vie "comme les autres", plutôt que d'en être "fier"... Question de point de vue. Cela dit, la "no-shame pride", cela ne sonne pas très bien...

Vous n'aurez pas la chance d'y être? Surtout, n'en faites pas pour autant une depression! Votre servitrice y sera pour vous (le Prozac attendra!).
Armée de mon appareil-photo, j'immortaliserai ce grand carnaval coloré, au service de mesdames les Muses.
Cela dit, loin de moi l'idée de défiler sur un char avec une plume dans le derrière, j'y serai en spectatrice lambda, anonymement mêlée à la foule de badauds souvent amusés, parfois interloqués, par ce singulier défilé.

Je suis en effet partagée face à un tel événement:
Je ne vous étonnerai pas en affirmant que je ne me reconnais nullement dans cette manifestation qui relève plus à mon goût du carnaval folklorique que d'une démarche sérieuse et crédible. Ce n'est pas faute pour les associations d'homosexuels d'évoquer, en brandissant à cet effet des panneaux aux slogans sans équivoque, des sujets pour le moins sérieux: SIDA, homophobie, homoparentalité, droit au mariage, etc...
Difficile cependant d'être crédible lorsque ces panneaux sont brandis par des folles en puissance minant entre eux l'acte sexuel sur les chars, des moustachus en string de cuir, des créatures asexuées plantées sur des plate-formes shoes à faire palir de jalousie la plantureuse (et non moins vulgaire) Loana... J'en passe et des biens meilleures! (je tâcherai de vous en rendre compte par le truchement de quelques images prises sur le vif).

Devant ce spectacle souvent amusant, parfois affligeant, je me plais à imaginer le français moyen (du genre Robert Bidochon, vous voyez?) qui, avachi dans son canapé la télécommande à la main, regarde circonspect le journal de 20 heures qui relate la Gaypride en images. Entre les folles, les camionneuses, les bikers virils, les travestis, et les gaillards bobybuildés en tous genres et l'ensemble de la population homosexuelle, l'amalgame est vite fait, même si ceux qui se déhanchent sur les chars sur fond de techno ne représentent que la face émergée de l'iceberg (mais il est difficile d'expliquer cela à Robert Bidochon lorsque les seules images qu'on lui renvoit de l'homosexualité sont celles des Gayprides, du SIDA, des backrooms et des mariages fantoches en Bordelais...). "Simone, regarde moi tous ces pédés, on dirait des bonnes femmes!"

La Gaypride est inéluctablement vectrice de clichés. Elle sert et dessert à la fois la cause homosexuelle.

Sans compter que depuis peu, la Gaypride a vu fleurir des chars sponsorisés par des partis politiques ou des syndicats très ancrés à gauche: le PS, les Verts, le PC, Lutte ouvrière, CGT, FO, pour ne pas les citer! Et comme il est de bon ton de se montrer à la gaypride afin d'être perçu comme quelqu'un de tolérant et ouvert, de nombreuses personnalités politiques viennent parader en tête de cortège avec leur air satisfait . Jack Lang en a fait pour sa part une spécialité maison. Lors d'une autre manifestation de ce type, il m'avait même fait l'honneur de venir me serrer la main (moi je n'avais rien demandé!). Dans le genre jeuniste démago, on ne fait pas mieux! Toujours est-il que je lui ai laissé un joli souvenir de cette poignée de main: J'avais la main tout poisseuse car j'étais précisément en train de déguster une confiserie très sucrée lorsqu'il est venu à moi... Bien fait! Héhéhé...

Bref, cela s'appelle ni plus ni moins de la récupération politique, et je déplore que cela ait lieu sur ce genre d'évènements (même si c'est inévitable, je vous le concède, les homos étant une population avec un potentiel électoral pour le moins intéressant).

Ceci étant, je vais cesser de critiquer la Gaypride, sinon je vais encore passer pour homophobe (un comble, pour une femme qui aime les femmes!). Après tout, en grattant bien, l'évènement a également ses côtés positifs. Il a permis, au fil des années, de mettre à jour les préoccupations d'une partie de la population qui souffre trop souvent d'une clandestinité forcée, et pire du rejet d'une société judéo-chrétienne encore très ancrée dans des préceptes moraux d'un autre age.

Et surtout, c'est en tout cas ainsi que je la perçois pour ma part, la Gaypride est avant tout un évènement festif, une sorte de carnaval urbain, qui donne une occasion de faire la fête, fut-ce avec des catégories de personnes dans lesquelles on ne se reconnait pas!

Après tout, je ne me reconnais pas moins dans les fofolles de la Gaypride que dans les carnavaleux travestis du carnaval de Dunkerque!!