LES MUSES DU NET- Le webzine internénettes

Octobre. La parure acajou dont les arbres se dévêtent en cette saison s’éparpille en volutes tournoyantes, jusqu’à échoir sur le pavé plus gris que jamais, créant un épais tapis que je foule d’un pas décidé.

J’ai relevé mon col. Le maudit vent s’y engouffre avec une  indécente impudeur.

Place Bellecour, C’est là que j’ai croisé pour la première, unique et ultime fois votre troublant regard, là, en plein cœur de cette grand place de la cité que l'on appelait jadis Myrelingue la Brumeuse. Brumeuse et mystérieuse, tout comme ce regard foudroyant, émanant de deux noires et perçantes prunelles, plantées au milieu d’un visage lisse et lumineux. Un visage de nacre, aux traits d’une perfection proche d’une toile de maître, l'huile d’un Vermeer…

Exquise sensation que de sentir, le temps d’un arrêt sur image dans une foule toujours plus tumultueuse, votre regard se poser sur moi, un instant, une éternité, une éphémère éternité…

A cet instant, votre charme me trouble, votre féminité m’absorbe, votre infinie beauté me capture.

Déjà, je me noie dans votre grâce, je m’ennivre de votre parfum dont je devine les exquises senteurs, goûtant une à une, et avec une avidité insoupçonnée, les saveurs douces et amères de votre charnelle enveloppe.

Ô belle inconnue, qui ne l’est déjà plus tant pour moi. Pourquoi le temps doit-il, à cet instant s’égrainer comme une inexorable fin en soi, et vous laisser ainsi m’échapper ?

Mes pensées évadées le temps d’un délicieux songe, et déjà le retour à une funeste réalité : la belle inconnue s’est évanouie dans la foule à l’instant où mon esprit a recouvré la raison…

Une passante